MARCHE POUR LA PAIX

      « Même le plus grand des voyages commence par un tout petit pas.»

Lao Tseu

1 homme

1 chariot

1 rêve

1 message de Paix

1 année de marche pour la paix

12 millions de pas

14 pays

pays traversés

année de marche

Km parcourus

Du Sinaï à Saint-Jacques-de-Compostelle,

une longue marche pour la Paix

Egypte-Jordanie-Syrie-Liban-Turquie-Grèce-Bulgarie-Serbie-Bosnie-Croatie-Slovénie-Italie-France-Espagne

Extrait du livre « Un chemin de poussière et d’étoiles »

J’ai passé ma seconde nuit bien éloigné de la route, près d’une vaste étendue où visiblement un troupeau de dromadaires a foulé le sol peu de temps avant moi. La nuit précédente peut-être? J’aurais tant aimé bivouaquer près d’un campement bédouin. Ne suis-je pas moi-même un nomade? N’ai-je pas dans mes gènes cette faculté de déplacement et cette capacité d’adaptation qui fait de la Terre entière ma patrie? Mais ce soir je suis seul, noyé dans cet espace suffisamment oublié du monde pour pouvoir y prendre mes aises, faire rugir la flamme de mon réchaud et allumer ma lampe-torche sans me faire remarquer de mes voisins. Seul? Enfin pas tout à fait. Des guépards, des chats des sables, des bouquetins de Nubie et autres fennecs peuplent également ce désert de sable, sculpté de roches et de mystères.

Le lendemain matin, les rayons du soleil flirtent déjà avec la crête des plus hauts rochers lorsque je m’extrais de ma tente en sautant à pieds joints dans mon sarcophage de plumes de canard. Le réveil de la momie. Mais le Sinaï n’aime pas les traînards. De gré ou de force, ceux-ci sont vite mis au pli. Ici, c’est le soleil qui dicte ses règles et l’emploi du temps des hommes. Devrais-je pour cela me lever à l’aube pour marcher aux premières heures du jour? Vais-je devoir ce matin, en guise de pénitence, zapper mon petit-déj? Sur la tête de Toutankhamon, certainement pas! Pour commencer ma journée, j’ai besoin de carburant, n’en déplaise au pharaon. Mon «moteur diesel» n’aime pas les démarrages à froid. Ma vieille carlingue a déjà pas mal de kilomètres au compteur et, si je veux faire rouler la bête encore quelques années, mieux vaut la ménager. Mon indice de cétane se quantifie en terme de glucides, protides et lipides. Imperceptiblement, mes réserves de nourriture diminuent. Pléthore de noyaux de dattes jonchent le pourtour de ma tente tandis que l’eau de mon café soluble chauffe sur mon réchaud multi-combustibles. Je ne peux concevoir de débuter une quelconque journée sans ma dose de caféine. Arabica, robusta, ou simple jus de chaussette, peu m’importe. Je prends ce qui vient. Une boisson vaguement noire et chaude fait l’affaire. Le soleil monte. Il n’a que faire de mes prélassements matinaux.

 Mon ombre s’étire de quatre mètres de long lorsque Ulysse, chargé de ses bagages, est enfin prêt à lever le camp. Demi-tour sur quelques centaines de mètres pour revenir vers l’asphalte en reprenant mes traces laissées la veille afin d’éviter les épineux. Une nouvelle journée commence.

Ma tête tourne en tous sens comme une girouette qui perdrait le nord devant la beauté des falaises et rochers granitiques nimbés d’une lumière bleutée. Je ferme les yeux et laisse les rayons du soleil me réchauffer le corps. J’ai besoin de cet intermède journalier où le silence emporte mon être entier. Durant quelques minutes, je ne suis plus ce petit satellite humain tournant autour de la Terre depuis un quart de siècle, mais une particule du Tout. Une infime particule, un tout petit grain de sable parmi tous les grains de sable de tous les déserts du monde, une goutte d’eau parmi toutes les gouttes qui emplissent toutes les mers du globe, mais une partie intégrante de cette planète, avec, en tant que petit être humain, mon rôle à jouer, ma part de travail à accomplir pour tenter de faire tourner le monde dans la bonne direction.

Un fort sentiment de paix et d’amour universel m’enveloppe. Je le sais, je le sens. Nourri de cette énergie spirituelle, je suis prêt à affronter tous les obstacles de la route et à déplacer des montagnes s’il le faut.

8000 bornes! Rien que d’y penser, j’en ai le tournis. C’est un coup à retourner au Caire et à fuir le pays à tire-d’aile. Hep! Il y a erreur sur la personne! Je ne suis pas un marcheur. C’est vrai. Je n’ai commencé à apprendre à marcher que quelques semaines plus tôt avant de m’envoler pour l’Egypte. Vous parlez d’une référence! Deux heures de marche tout d’abord, après lesquelles je rentrais fourbu. Puis des séances d’entraînement un peu plus longues, pour enfin traverser le département de la Gironde d’est en ouest avec le chariot et tout l’équipement nécessaire. Un test grandeur nature qui eut l’avantage de me rassurer face à mon kilométrage journalier. Peu à peu, je pris conscience que je pouvais avancer sans forcément appuyer sur des pédales. Une découverte. J’étais fin prêt. Peut-être pas encore totalement dans mes jambes, mais bien dans ma tête. Et c’était là l’essentiel.

Durant les prochains mois, mes semelles vont caresser l’épiderme de la Terre à chacun des douze millions de pas nécessaires pour atteindre Saint-Jacques-de-Compostelle, puis l’océan Atlantique. Mon message de paix ne sera pas hurlé sur les toits mais seulement chuchoté aux oreilles des humains qui veulent encore l’entendre. Inch’Allah !

Un chemin de poussière

et d’étoiles

308 pages-

105 photos couleur –

82 Illustrations

Sommaire :

Douze millions de pas vers les étoiles

La route du Roi

Mon chemin de Damas

L'âme du prophète

Au pays des ex-millionnaires

Fort comme un turc

S'il te plaît dessine moi la Paix

Mes semelles de bitume

Trampoline bosniaque

Heureux qui comme Ulysse

Mes semelles de bitume

La plume de l'ange

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